top of page

La mémoire :

mécanisme en lien direct avec la perception

     La mémoire est un facteur en lien direct avec la perception. En effet, lorsque le cerveau analyse une image, il ne se contente pas de l'enregistrer, mais cherche bien à reconnaître et distinguer les formes qui lui sont familières. Les concepts, représentations mentales abstraites d'un objet ou d'une idée, sont codés directement par les neurones. Ils ne font pas de différence entre les différentes représentations d'un concept. Lorsqu'une information arrive des yeux à V1, par l'intermédiaire du nerf optique, elle active certains neurones des aires visuelles supérieures. Ces derniers envoient ensuite l'information au lobe temporal, contenant l'hippocampe et le cortex environnant, qui sont responsables entre autre de la mémoire. On ne peut pas connaître avec précision le nombre de neurones sollicités pour un concept, mais on l'estime au maximum à un million. Un individu moyen ne serait capable, selon certains professeurs anglais et américains, de se souvenir que d'environ 10 000 concepts. Plusieurs théories s'affrontent sur le codage cérébral des souvenirs, et plusieurs études laissent penser qu'un faible nombre de neurones (un milliard ou moins) code le concept représenté dans une image. Le codage de ces concepts pour chaque image analysée, et la reconnaissance de notre cerveau à leur vue confirme donc bien le lien entre la mémoire et la vision.

      Reprenons l’exemple de perception bistable évoqué dans la partie précédente. En recevant un stimulus ambigu, notre vision oscille entre plusieurs interprétations possibles au lieu d’en choisir une seule. Cette alternance de perception, qui se fait indépendamment de notre contrôle, varie d’une personne à l’autre. Ainsi, les stimulus ambigus sont utiles pour comprendre les mécanismes de la conscience, et la construction des percepts. La bistabilité existe également pour d’autres sens. Des chercheurs comme Daniel Pressnitzer et Jean-Michel Hupé ont notamment affirmés, dans un communiqué de presse du CNRS dont le lien est ci-dessous, que les systèmes visuels et auditifs employaient les mêmes mécanismes pour construire les percepts, et ce à partit des indications ambiguës qui arrivent au cerveau.

Représentation schématique d'un neurone

     Parfois, il arrive que ce soient des stimulus incomplets qui arrivent au cerveau. C’est par exemple le cas lorsqu’un objet n’est vu que partiellement. Ainsi, le système visuel tente d’en reconstruire les parties masquées, et ce d’après sa mémoire et son expérience. Il émet alors des hypothèses, aussi appelées inférences. Le fait d’être depuis toujours habituer aux représentations des objets avec leurs contours permet au système visuel de créer des liens de communication entre les neurones. La transmission d’informations entre les neurones se fait à l’aide de neurotransmetteurs, qui passent des axones d’un neurone aux dendrites d’un autre. Grâce à ces nouveaux liens, les neurones activés par le contour visible de l’objet sont en mesure d’en activer d’autres. On perçoit alors des contours illusoires, dits virtuels. C’est le cas pour les quelques exemples présentés ci-dessous.

 

Oeuvres de Kanizsa Square

     De plus, la publicité, subliminale ou non, peut avoir un impact puissant sur l’inconscient. Ses premières formes remontent à l’antiquité, avec notamment des affiches à Thèbes, en Egypte, qui offraient une récompense à ceux qui capturaient des esclaves en fuite. Avec toutes les récentes avancées technologiques, comme l’arrivée de la télévision et d’internet, les pratiques publicitaires se sont elles aussi améliorées. Ainsi, de récentes études ont démontrées que la publicité peut aujourd’hui influencer nos envies, comme la faim par exemple : le grignotage peut par exemple être amorcé par des publicités pour de la nourriture. La publicité a donc un impact plus ou moins important sur notre inconscient. Cela dépend de nombreux facteurs, comme la motivation. Pour cela, elles stimulent certains neurones par l’intermédiaire de toutes sortes d’images. Les illusions d’optique ont notamment été réutilisées dès 1800, ce que nous avons déjà développé dans la première partie de ce TPE.

      Cependant, la publicité peut avoir un impact plus important en ayant recours aux images dites subliminales. Ces dernières sont soumises à nos yeux tellement rapidement que l’on ne s’en rend pas compte, mais notre cerveau la prend pourtant en compte. Une image dite subliminale est une image passée à une vitesse inférieure à 40 millisecondes, soit la vitesse d’une image de film. C’est en insérant une image subliminale dans une projection que l’américain James Vicary en a en 1957 démontré le pouvoir. Il avait réussi à faire augmenter la vente de boissons et de popcorn en diffusant le message « Buvez Coca-Cola Â». Depuis, la CIA a pris des mesures de sécurité vis-à-vis de l’utilisation de ces images à des fins commerciales. Plusieurs lois les interdisent en effet, et ont dues être rappelées par le CSA après plusieurs gros scandales. Le conseil supérieur de l’audiovisuel a notamment rappelé en 2002 les principaux articles concernant les images subliminales dans la publicité dans sa lettre n°149 : en application de l’article 10 du décret n° 92-280 du 27 mars 1992 modifié par exemple, « la publicité ne doit pas utiliser des techniques subliminales, entendues comme visant à atteindre le subconscient du téléspectateur par l’exposition très brève d’images Â». Le lien de cette lettre est disponible ci-dessous.

Nous pouvons observer le visage de Mitterand sur ce générique juste avant les élections

Exemple d'image subliminale lors d'un générique de France 2 

      Des chercheurs se sont alors approprié les images subliminales pour en tester les effets thérapeutiques. C’est le cas notamment du psychologue de l’Université d’Amsterdam Reinout Wiers, qui cherche à utiliser efficacement les images subliminales contre l’alcoolisme et la toxicomanie. Les sujets n’avaient alors pas d’instructions particulières, et observaient aléatoirement diverses images en lien avec l’alcoolisme. Ils avaient à leur disposition un levier, et les psychologues se sont aperçus que plus ils le repoussaient, plus les sujets développaient une attitude de rejet envers l’alcool. Au final, ces sujets pouvaient échapper à leur dépendance, et rechutaient moins au bout d’un an que des sujets témoins sans traitement. L’association du mouvement à des images a donc permis de développer des réactions inconscientes chez les sujets.

     Nous avons donc pu constater ici que le cerveau est un mécanisme très complexe. Il existe plusieurs aires visuelles au niveau du cortex occipital, qui traitent et analysent les images directement envoyées de l’œil par le nerf optique. Mais notre cerveau ne se contente pas de retranscrire la réalité telle qu’elle : il cherche à l’améliorer. Pour cela, il augmente notamment les contrastes, ou concentre son intérêt sur une seule partie de l’image pour mieux la détaillée. De plus, le cerveau cherche à reconnaître ce à quoi il est confronté : certains neurones en lien avec la mémoire cherchent alors à associer à une image un percept déjà connu du cerveau. Les images subliminales contenues dans la publicité peuvent elles aussi avoir un impact sur notre inconscient, en influençant délibérément notre cerveau, réveillant certaines envies ou produisant certaines réactions.

bottom of page